Mission Indonésie : 7 leçons de terrain pour réussir un déploiement RH international

« Aller sur le terrain ne résout pas tout. Mais ne pas y aller complique tout. »

Chroniques B2B d’une RH internationale sur le terrain indonésien

 

Deux semaines. Neuf épisodes de newsletter que je vais tenter de résumer en un seul article de blog.

Et une conviction renforcée : le terrain reste le seul révélateur fiable quand il s’agit d’expatriation et de déploiement international.

En 2025 encore plus que jamais.

En juillet, j’ai conduit une mission RH stratégique en Indonésie, entre Jakarta et Pekanbaru — deux villes à l’opposé en termes d’infrastructures, de rythme et de maturité économique.


Objectif : évaluer les conditions réelles de déploiement d’expatriés techniques sur une zone industrielle encore peu explorée, et identifier les leviers de réussite RH dans un environnement complexe.

De cette expérience, je retiens sept enseignements clés pour les entreprises qui veulent réussir leurs mobilités internationales — durablement, humainement, et stratégiquement. Et surtout en ces temps où tout change et l’adaptabilité est la clé de la compétitivité business et RH.


Photo captée depuis le taxi, le jour de mon arrivée

1. Le réseau, premier levier RH à l’international

Tout a commencé avant même le décollage.
Sans planning figé, j’ai activé mon réseau : Business France, prestataires RH locaux, décideurs d’entreprises françaises implantées en Asie.

En quelques jours, les contacts se sont enchaînés, ouvrant des portes qui n’auraient jamais existé sur un simple fichier Excel.

Sur un terrain inconnu, le réseau devient votre première boussole RH : il crée les opportunités, sécurise les déplacements et accélère la prise d’informations fiables.

Une mise en relation, un contact bienveillant, une conversation informelle peuvent transformer une mission à risque en déploiement maîtrisé.

C’est la première leçon : avant les process, il faut des ponts.Et ces ponts se construisent entre humains, pas entre PowerPoint ou calls Zoom sans fin.

2. Préparer sans rigidité : l’art de l’agilité stratégique

On imagine souvent qu’un projet international réussi se joue à coups de Gantt chart et de rétroplanning.

Sur le terrain, c’est l’inverse : tout ce qui est trop figé devient vite obsolète.

En Indonésie, chaque rendez-vous confirmé pouvait être annulé à la dernière minute pour cause d’aléa de transport, de coupure Internet ou d’imprévu administratif voire politique.

La clé n’était pas la prévision parfaite, mais la capacité d’ajustement et l’anticipation de l’aléa.

Dans les projets RH internationaux, la meilleure préparation n’est pas celle qui verrouille tout mais celle qui crée de la souplesse : des marges de manœuvre, des relais alternatifs, et une logistique pensée comme un organisme vivant.

C’est cette agilité qui permet de transformer l’incertitude en avantage compétitif.

3. Jakarta : un laboratoire vivant de la mobilité internationale

Avec ses 10 millions d’habitants, Jakarta est un condensé de contrastes.
Ultra-urbanisée et pourtant verte, moderne mais pleine de paradoxes culturels.

C’est une ville où le quotidien devient un test RH permanent : logement, déplacements, santé, fatigue culturelle.

Les rencontres avec les prestataires RH (relocation, immigration, fiscalité, portage) ont confirmé un constat : l’Indonésie est plus simple qu’on ne l’imagine, à condition de comprendre ses codes.

Ici, on ne dit pas “non”. On contourne, on temporise, on sourit.

Les RH doivent donc apprendre à lire entre les lignes, à décoder les silences, à négocier avec subtilité.

C’est cette intelligence interculturelle — souvent sous-estimée — qui distingue les déploiements réussis des projets enlisés.

Jakarta, c’est aussi un pays en transition réglementaire : le gouvernement renforce la conformité et la transparence, notamment dans les services d’immigration.

Pour les entreprises étrangères, c’est un signal fort : le cadre se durcit, mais devient plus fiable.

Une opportunité pour celles qui s’implantent proprement de développer des opportunités business en déployant des ressources avec moins de risques.

Street Kota - Jakarta

4. Pékanbaru : quand le terrain révèle les angles morts RH

Direction l’ile de Sumatra. On la connait peu, quand on parle de l’Indonésie, on voit plus Bali ou Lombok.

Sumatra, c’est une ile à 2h de vol de Jakarta et en pleine expansion même si globalement, il y a un phénomène de fuite des habitants qualifiés vers Jakarta ou encore Singapour tout proche.

À Pekanbaru, on quitte la mégapole pour une ville de province avec peu d’activité industrielle où les expatriés ne vont presque plus.

Il y a quelques années, le pétrole avec l’implémentation de Chevron a amené une activité économique soutenue et l’envoi d’expatriés. Ce qui justifia même pour Chevron la création d’infrastructures dédiées pour les expatriés avec un village expat avec des activités, un supermarché, un golf….

Et pour cause : vols annulés, logements limités, infrastructures médicales fragiles, isolement linguistique… la ville de Pekanbaru n’était pas alors adaptée à la réception de salariés expatriés. Et Chevron mis alors tout en œuvre pour assurer le confort et la rétention des ressources ayant accepté d’être isolés géographiquement.

Une belle illustration de ce que le terrain révèle souvent : les angles morts RH. Là où les stratégies globales rencontrent les réalités locales, et où la gestion de la mobilité devient un exercice d’adaptation humaine avant tout.

Ce que j’ai constaté sur place, c’est la distance entre la théorie et la réalité.
Ce qui semble “faisable” sur papier devient souvent “intenable” sur le terrain.
Et c’est précisément là que le rôle RH prend toute sa dimension stratégique.

Avant tout déploiement, il faut revenir aux fondamentaux.

Déployer un collaborateur à l’international, surtout dans des zones éloignées ou complexes comme Sumatra, ne se résume pas à une simple mobilité administrative.

  • C’est d’abord une question de profil humain : savoir identifier les bons candidats, ceux capables de résilience, d’adaptation, et pas seulement de performance technique.

  • Ensuite, vient la sécurisation de la conformité : obtention des bons visas, justification du non-recrutement local, suivi des rotations. Des points souvent perçus comme purement procéduraux, mais qui peuvent bloquer un projet entier s’ils sont négligés.

  • Enfin, il faut anticiper les zones de vulnérabilité : santé, logement, mobilité, interculturalité. Des éléments concrets du quotidien qu’on ne mesure pas toujours depuis un bureau à Paris — mais qui font toute la différence sur le terrain.

💡 Pekanbaru n’est pas (encore) prête pour des expatriations long terme, mais les projets industriels y arrivent déjà. Les RH doivent donc préparer le terrain avant même le terrain d’atterrissage.

5. Le rôle clé des institutions françaises

À Jakarta, un rendez-vous à l’Ambassade avec Business France Indonésie a confirmé une évidence :
quand l’État français joue pleinement son rôle de partenaire stratégique, les entreprises gagnent des mois.

En une heure d’entretien :

  • Des prestataires locaux fiables ont été identifiés,

  • Des alertes réglementaires et politiques partagées,

  • Des connexions utiles établies jusqu’à Sumatra.

Business France Indonésie ne distribue pas de plaquettes : ils préparent le terrain.
Et dans un contexte où les flux d’expatriation se renforcent en Indonésie, ces relais institutionnels deviennent des partenaires opérationnels décisifs pour toute entreprise étrangère.

6. Le facteur humain, véritable pivot de la réussite

L’expatriation, c’est avant tout une affaire de liens.
Lors de mon passage chez un client à Jakarta, un incident technique sur mon PC a failli bloquer toute ma mission.

C’est un contact local, Marco, Responsable RH, qui m’a dépannée — et rappelée à l’essentiel : “On n’avance jamais tout à fait seul·e.” Les imprévus créent parfois les relations les plus solides.

Et dans les déploiements internationaux, ces liens humains sont la meilleure assurance contre l’usure, la solitude et la perte de repères.
L’humain n’est pas un “soft skill” : c’est un actif stratégique.

Selfie avec Marco - Idemia Indonésie

7. Cinq enseignements RH du terrain

  1. Le coût d’un échec de préparation. Une préparation déconnectée du terrain ne fonctionne pas sur des environnements spécifiques et uniques comme Pekanbaru. Le coût d’un échec dépasse toujours celui d’un accompagnement bien structuré.

  2. La compliance n’est jamais optionnelle. Fiscalité, portage, contrats… tout doit être verrouillé dès le départ. Mais il faut aussi intégrer le niveau réel de conformité du pays d’accueil et les dimensions culturelles qui peuvent influencer les pratiques locales.

  3. Les conditions de vie déterminent la fidélisation. Dans des contextes isolés ou exigeants, elles deviennent le premier levier de rétention. Négliger le confort, la santé ou la sécurité, c’est fragiliser la mission dès le départ.

  4. Les relais institutionnels sont des alliés. Business France, Ambassades, Missions Défense… ces acteurs peuvent offrir un soutien concret, à condition d’être sollicités tôt et intégrés dans la stratégie de mobilité.

  5. La langue et l’interculturalité ne sont pas des extras. Ce sont de véritables leviers de performance, d’adaptation et de réussite durable à l’international.

Conclusion – Du terrain à la stratégie

Chaque pays impose sa propre lecture, ses ajustements, ses relais.
Ce que l’Indonésie m’a appris, c’est que la réussite RH internationale repose sur une équation triptyque :
anticipation stratégique + accompagnement humain + maîtrise opérationnelle locale.

Les RH ne peuvent plus se limiter à la contractualisation ou à la conformité.
Encore moins lorsque le lieu de déploiement n’est pas une capitale. Dans ces environnements spécifiques, il faut prendre le pouls de la réalité, sur place.

Le coût d’un déplacement vers l’Indonésie est significatif – environ 5 000 euros pour deux semaines dans mon cas – mais la valeur ajoutée et le retour sur investissement pour le client sont sans commune mesure.

Les RH doivent devenir les pivots de la durabilité et de la résilience des mobilités internationales.
Et c’est précisément là que Forwards International HR agit :

  • en transformant les constats du terrain en leviers stratégiques,

  • en sécurisant les déploiements,

  • et en garantissant la performance humaine des projets internationaux.

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